Je cite : « Porter Airlines dévoile un nouveau partenariat avec un nouveau fournisseur, le fabricant de biscuits Walkers Shortbread. Ces biscuits font partie intégrante de l'expérience de vol raffinée de Porter, et Walkers est un partenaire naturel avec son excellent goût et son engagement à l'endroit de la qualité. »
Source : Groupe CNW/Porter Airlines inc. |
Impressionnés? Pourquoi
ces froncements de sourcils? La nouvelle est très sérieuse! Quelques sites l’ont
même reprise, dont markets.businessinsider.com.
Trêve
de plaisanterie, il s’agit ici d’un excellent exemple de la lutte acharnée que
se livrent les entreprises pour arracher un part de l’attention médiatique. Comme
une tarte, celle-ci se découpe en pointes de plus en plus réduites au point qu’on
s’en dispute la moindre miette.
Et
des bataillons de relationnistes, communicateurs, rédacteurs se retrouvent à fixer avec
perplexité et angoisse le curseur clignotant sur leur écran en cherchant en eux
les ressources pour composer les perles que nous avons lues plus haut (faisant
un usage abusif du mot « nouveau » pendant l’exercice).
Ceci m'en inspire même une : Tellement bons qu'ils vont vous faire planer!
Hum... Ce n'est peut-être pas la meilleure des idées.
Ceci m'en inspire même une : Tellement bons qu'ils vont vous faire planer!
Hum... Ce n'est peut-être pas la meilleure des idées.
Tyrannie de l’information continue
Ceci illustre également un autre irritant, celui de la tyrannie de l’information continue. Avec les chaînes d’information qui roulent 24 heures sur 24, de même que les sites de brèves qu’il faut nourrir sans interruption, tout et je dis bien TOUT est désormais digne d’un communiqué, d’une coupure de ruban, d’une inauguration.
Pensons
au fameux sapin de Noël du Rockfeller Center. Sans aucun encouragement de ma part, on m'a informée de chaque étape de son cheminement. Sélection, installation,
retrait et j’en ai certainement échappé. Peut-être a-t-il fait un arrêt chez
Schwartz, à Central Park ou au Apple Store pendant que je dormais?
Pour revenir à nos biscuits, Porter
a même pris le soin de fournir des photos génériques aux médias, question de
leur faciliter la tâche. L’époque où des images grosses comme un timbre-poste
illustraient de longs articles est révolue. Désormais, le rapport est inversé et
les textes se résument souvent à de longues légendes accompagnant les images.
Je saisis tout à fait l’ironie que de
mentionner ici la nouvelle de Porter sert son ambition. Malgré tout, ferez-vous
reposer le choix de votre compagnie aérienne sur les accompagnements qui vous
seront servis chichement pendant le vol?
Du neuromarketing?
À moins que Porter ne calcule que de diffuser de la nouvelle légère aussi frivole soit-elle, alors que la mode est à la dénonciation des abus du surclassement, permet d’inoculer chez les consommateurs une impression positive. En cette ère où leurs mécanismes neuronaux font l’objet d’études extrêmement poussées sous le vocable légèrement inquiétant de « neuromarketing », rien ne doit nous surprendre.
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