jeudi 4 mai 2017

Quand une compagnie aérienne annonce en grande pompe ses nouveaux biscuits

Avez-vous entendu la nouvelle? Non? Pourtant, celle-ci a été annoncée en grande pompe le 1er mai sur le fil de presse Canada NewsWire / CNW Telbec

Je cite : « Porter Airlines dévoile un nouveau partenariat avec un nouveau fournisseur, le fabricant de biscuits Walkers Shortbread. Ces biscuits font partie intégrante de l'expérience de vol raffinée de Porter, et Walkers est un partenaire naturel avec son excellent goût et son engagement à l'endroit de la qualité. »

Source : Groupe CNW/Porter Airlines inc.

Impressionnés? Pourquoi ces froncements de sourcils? La nouvelle est très sérieuse! Quelques sites l’ont même reprise, dont markets.businessinsider.com.

Trêve de plaisanterie, il s’agit ici d’un excellent exemple de la lutte acharnée que se livrent les entreprises pour arracher un part de l’attention médiatique. Comme une tarte, celle-ci se découpe en pointes de plus en plus réduites au point qu’on s’en dispute la moindre miette.

Et des bataillons de relationnistes, communicateurs, rédacteurs se retrouvent à fixer avec perplexité et angoisse le curseur clignotant sur leur écran en cherchant en eux les ressources pour composer les perles que nous avons lues plus haut (faisant un usage abusif du mot « nouveau » pendant l’exercice). 

Ceci m'en inspire même une : Tellement bons qu'ils vont vous faire planer! 

Hum... Ce n'est peut-être pas la meilleure des idées.

Tyrannie de l’information continue


Ceci illustre également un autre irritant, celui de la tyrannie de l’information continue. Avec les chaînes d’information qui roulent 24 heures sur 24, de même que les sites de brèves qu’il faut nourrir sans interruption, tout et je dis bien TOUT est désormais digne d’un communiqué, d’une coupure de ruban, d’une inauguration.

Pensons au fameux sapin de Noël du Rockfeller Center. Sans aucun encouragement de ma part, on m'a informée de chaque étape de son cheminement. Sélection, installation, retrait et j’en ai certainement échappé. Peut-être a-t-il fait un arrêt chez Schwartz, à Central Park ou au Apple Store pendant que je dormais?

Pour revenir à nos biscuits, Porter a même pris le soin de fournir des photos génériques aux médias, question de leur faciliter la tâche. L’époque où des images grosses comme un timbre-poste illustraient de longs articles est révolue. Désormais, le rapport est inversé et les textes se résument souvent à de longues légendes accompagnant les images.

Je saisis tout à fait l’ironie que de mentionner ici la nouvelle de Porter sert son ambition. Malgré tout, ferez-vous reposer le choix de votre compagnie aérienne sur les accompagnements qui vous seront servis chichement pendant le vol?

Du neuromarketing? 


À moins que Porter ne calcule que de diffuser de la nouvelle légère aussi frivole soit-elle, alors que la mode est à la dénonciation des abus du surclassement, permet d’inoculer chez les consommateurs une impression positive. En cette ère où leurs mécanismes neuronaux font l’objet d’études extrêmement poussées sous le vocable légèrement inquiétant de « neuromarketing », rien ne doit nous surprendre.




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